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Comment gérer la crise du coronavirus ?

Un peu d'histoire

Avant d'agir, il est toujours bon de rappeler des faits historiques, pour tirer les leçons du passé. Parmi les épidémies les plus notoires, citons :

(source : Wikipédia)

Premières leçons à tirer de la crise sanitaire du coronavirus

Malgré le nombre déjà élevé de victimes dans le monde à la suite de la pandémie de Covid-19 (184 000 décès, le 23 avril 2020), il ne faudrait pas en conclure qu'il s'agit d'une punition divine, puisque l'origine de cette pandémie est naturelle et que les victimes sont innocentes : Mgr Eric de_Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France, préfère parler dans les colonnes du Figaro Magazine du 10 avril 2020 de « signal » envoyé par Dieu. « Toute la cohérence biblique aboutit à la conviction que Dieu, le Dieu vivant, n'agit pas dans l'Histoire pour punir. En revanche, il avertit. La phrase essentielle est celle du prophète :«  Je ne veux pas la mort du pécheur mais qu'il se convertisse et qu'il vive » ». Il considère que « chacun, dans la relecture de son histoire, peut prendre conscience qu'il a fait le mal, et recevoir tel événement comme l'obligeant, enfin, à ouvrir les yeux, à se repentir et à changer de vie ».

Prière pour les soignants

Nous sommes bouleversés par le courage de tous les personnels soignants : aide-soignants, infirmières et infirmiers, médecins, qui sont en première ligne dans la lutte contre le coronavirus. J'ai reçu cette très belle prière de Notre-Dame de Pentecôte :

Seigneur,

Merci d’avoir semé dans le coeur de certains
Le don, le talent et la force de prendre soin
Ce désir étonnant de remettre debout
Ceux que la maladie avait mis à genoux

De celui qui nettoie à celle qui opère
De celle qui rassure à celui qui transfère
Tu as placé dans le coeur des soignants
Un trésor plus précieux que l’or et l’argent

Mon Dieu, bénis ceux qui jour après jour
Affrontent la souffrance avec tant de bravoure
Maudis les puissants qui depuis des années
Sur l’autel de l’argent les ont tous sacrifiés

Donne à nos soignants la force de tenir
Contre cette épidémie dont nous craignons le pire
Donne à chacun de nous d’agir avec raison
Pour ne pas rendre impossible leur mission

Que cette épreuve soit une prise de conscience
Que leurs cris d’hier étaient plein de bon sens
Aujourd’hui, chacun d’eux est pour nous un exemple
Demain, nous chasserons les marchands du temple

(auteur à préciser)

Une situation inédite

La pandémie de Covid-19 crée une situation inédite. Elle a surpris le monde entier, à l'exception de quelques pays asiatiques qui se sont appuyés sur l'expérience acquise lors de l'épidémie de SRAS de 2002-2004, je pense en particulier à Taïwan ou à la Corée du Sud. Nous devons avoir beaucoup d'humilité face à une menace qui nous a tous pris au dépourvu et qui bouleverse notre vie quotidienne.

Avec la mondialisation et le développement foudroyant d'internet depuis les années 1990, nous sommes en effet dans un monde extrêmement interconnecté, de sorte que toute défaillance d'une entreprise peut entraîner par effet domino la défaillance de certains de ses fournisseurs et de certains de ses clients. C'est ce que l'on redoutait lors du passage à l'an 2000 (Y2K), et qui ne s'est pas produit, parce qu'on a su anticiper le risque et que chaque entreprise avait reçu pour consigne de vérifier que ses fournisseurs et ses clients avaient également des programmes de mise en conformité an 2000. On a aussi vérifié la couverture des programmes an 2000 et préparé des plans de secours.

En 2003, après l'épidémie de SRAS, le professeur Didier Raoult a rédigé à la demande du gouvernement un rapport sur le bioterrorisme et les risques épidémiologiques. Il y exprimait le besoin de faire évoluer le système de santé français pour faire face au risque de pandémie. Il recommandait un grand discours fondateur d'une nouvelle politique de santé qui serait capable de mieux anticiper les risques épidémiologiques, dont il pressentait qu'ils deviendraient un des enjeux forts d'un monde interconnecté. Il mettait en garde contre les risques de débordement des services de santé français, et recommandait de doter les hôpitaux d'infectiopôles, notamment d'unités de fabrication de tests, afin de repérer le plus vite possible, et le plus tôt possible, les premiers malades (Charles Jaigu, « Chloroquinine, le débat qui divise le pays », Le Figaro magazine, 3 avril 2020).

La pandémie de Covid-19 est l'une des premières pandémies se produisant à l'ère d'Internet. Elle a entraîné dans la plupart des pays des mesures de confinement inédites dans l'Histoire récente, se traduisant par un fonctionnement au ralenti de l'économie mondiale. Malheureusement, un effet domino se fait sentir depuis mars 2020Le risque de faillites en cascade est d'autant plus élevé que beaucoup d'entreprises fonctionnent en flux tendus, en minimisant les stocks, alors qu'elles ont accepté de dépendre de fournisseurs éloignés géographiquement. La pandémie de Covid-19 est un problème mondial qui aura des répercussions dans tous les pays, dans tous les secteurs d'activité et dans tous les domaines métier.

Nos connaissances sur ce virus sont loin d'être suffisantes : on le voit par exemple lorsqu'on constate que les fumeurs sont moins touchés que les non-fumeurs. En outre, la vitesse de circulation de l'information est considérable, de sorte qu'il y a un risque de circulation d'informations fausses.

Nous sommes face à un événement imprévisible ayant des conséquences d'une portée exceptionnelle, qui répond très bien à la théorie du cygne noirr développée par le statisticien Nassim Nicholas TalebN'avons nous pas oublié que nous sommes dans un monde incertain, que tout est lié, et qu'il est toujours préférable d'anticiper un risque plutôt que de le subir ?

Initiatives et difficultés

Tous les gestes de solidarité doivent être salués.

Pour le Pr. Didier Raoult, la priorité du moment est de soigner, conformément au serment d'Hippocrate, même si on n'a pas une analyse académique complète de tous les aspects du traitement. Il fustige la « dictature morale » des « méthodologistes » et de leurs « réflexions purement mathématiques » dans le domaine de l’éthique médicale. (cf l'article « pour Didier Raoult, appliquer la methode de Tom est le fond du serment d'Hippocrate) ».:

L'offre de masques existe, mais est encore pour une grande part extérieure à l'Union européenne. Elle est entravée par la bureaucratie de l'’État, qui organise une pénurie qui à son tour, fait monter les prix. De même, l'État encadre inutilement le prix des gels hydroalcooliques (cf l'article « Libérez le marche des masques monsieur le président »). Pour assurer en urgence la fabrication de millions de masques lavables sur le territoire français, le projet Résilience est un groupement d’ampleur nationale qui rassemble des PME du textile, des entreprises d’insertion et des entreprises adaptées comme APF France ou Log’ins (cf.economie.gouv.fr).

Le collectif français « Makers For Life » né de l'initiative d'entrepreneurs nantais, de fabricants amateurs, de chercheurs, de professionnels de santé et d'ingénieurs a mis au point le MakAir, un respirateur artificiel destiné au traitement du COVID-19 (cf sur le site de l'université de Nantes : Le MmakAir, un respirateur artificiel dédié au-traitement du covid-19 prêt à entrer en essais cliniques)..  

Le confinement est en soi une privation de liberté d'aller et venir, mais il y a aussi le problème du respect de la vie privée, en particulier pour le traçage envisagé au moyen d'applications sur téléphone mobile. Il existe des solutions en cours d'élaboration fondées sur la cryptographie (cf l'entretien avec Rand Hindi : « Refuser le contact tracing, c'est nous incarcérer nous-mêmes »).

Le ministre de l’agriculture Didier Guillaume a exhorté les Français disponibles à rejoindre « la grande armée de l’agriculture » le 24 mars, pour aider « celles et ceux qui vont nous permettre de nous nourrir de façon propre, saine, durable » (cf l'article de La Croix « Des volontaires nombreux pour l'armée de l'agriculture »)..

Le ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse et plusieurs médias audiovisuels et de la presse écrite se sont mobilisés pour proposer des programmes de qualité en lien avec les programmes scolaires. Il s'agit de l'opération Nation apprenante (eduscol.education.fr/).

Dans le secteur de l'agroalimentaire, il y a de nombreuses initiatives de solidarité vis-à-vis des personnels soignants et des plus démunis. Les chaînes logistiques ayant été très affectées (dans certains cas, chute du B to B), elles ont dû s'adapter aux nouvelles demandes du marché. Certaines entreprises (Savencia notamment) ont développé des outils numériques pour suivre les cas de Covid.

Dans le bâtiment travaux publics, où de nombreux chantiers sont arrêtés, l'Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP) a publié le 2 avril, avec l’accord du gouvernement, un guide de préconisations pour assurer la sécurité sanitaire sur les chantiers du BTP.

Philippe Juvin, professeur de médecine (anesthésie réanimation, puis médecine d'urgence) et chef de service des urgences de l'hôpital européen Georges-Pompidou (Paris) depuis 2012 dénonce « l’empilement des strates administratives », qui nuirait à la lutte contre le virus.
Références :
- Mark Samba, « Les chefs et petits chefs de l’administration qui nous entravent face à l’urgence devront répondre de leurs actions après cette crise », Atlantico
, 2 avril 2020,  lire en ligne
- Nicolas Gomont, « « On assiste à une hécatombe dans les maisons de retraite » et les Ehpad, dénonce Philippe Juvin », Radio classique, 8 avril 2020, lire en ligne.

Fin avril, la France est encore confrontée à une pénurie de tests de dépistage, contrairement à l'Allemagne qui a su anticiper en organisant très tôt des campagnes de dépistage massif, grâce notamment aux conseils du virologue Christian Drosten, codécouvreur de l'ADN du virus du SRAS en 2003 et directeur.de l'institut de virologie de l'hôpital universitaire de la Charité de Berlin.

Se préparer à gérer la crise économique : systèmes de management de la continuité d'activité (SMCA)

Les secteurs essentiels sont, outre la santé : l'eau / assainissement, l'agriculture, la poste, les télécommunications, l'énergie, les transports, la distribution, le BTP (bâtiment travaux publics), la presse, (11 secteurs)

On n'a pas tiré les leçons du passage informatique à l'an 2000. Les services essentiels devraient être assurés grâce à des plans de continuité d'activité (PCA) afin de limiter l'effet domino, Il conviendrait  d'accorder une priorité à tous les secteurs essentiels, au plus haut niveau, et de mettre en place des plans de reprise d'activité (PRA) pour ces secteurs, en tenant compte des préconisations pratiques : lavage des mains, distanciation sociale, port de masques, traçage numérique. Il existe des sociétés spécialisées dans les systèmes de management de la continuité d'activité, s'appuyant sur la norme  ISO 22301. Ces sociétés fournissent des services autour des PCA, des PRA - identification des activités critiques, identification des ressources (humaines, matérielles, systèmes d'informations, fournisseurs et prestataires critiques), solutions de continuité et de reprise d'activité - et de la préparation du retour à la normale. Certaines sociétés tiennent déjà compte des spécificités de la crise du Covid-19.

En matière de normalisation, la norme ISO 45001 (qui remplace la norme britannique OHSAS 18001) sur la santé,et la sécurité au travail (voir sur le site de l'AFNOR) prévoit les situations d'urgence (voir Situations d'urgence selon l'ISO 45001 : application au coronavirus)..

Les autorités prévoient une chute du PIB de la France de 8 % pour 2020. La crise sanitaire sera suivie d'une crise économique qui va durer sans doute plusieurs années. Par ailleurs nous ne sommes pas à l'abri de nouvelles vagues épidémiques, il conviendrait donc de développer les systèmes de management de la continuité d'activité, mais de manière sélective, en se limitant aux secteurs jugés essentiels.

Une fois l'urgence sanitaire traitée, cette crise devrait être une occasion pour repartir sur des bases plus saines à moyen et long terme, car elle sera non seulement économique, mais encore sociale et écologique. Au moment du déconfinement, on aura besoin d'aller à l'essentiel, de retrouver du sens au travail, pour prévenir les risques psycho-sociaux. Ne faudrait-il pas à l'avenir développer la culture du risque, et veiller à avoir une meilleure résilience écologique mais aussi organisationnelle ? Puisqu'il y a un effet domino, ne faut-il pas en profiter pour faire le tri en ce que nous jugeons vraiment essentiel, et ce qui est superflu et ne mérite pas qu'on y consacre des efforts.importants ?

Généraliser les plateformes de travail collaboratif pour les secteurs critiques

Pour survivre dans le contexte de crise sanitaire et assurer la continuité de service, les entreprises et les administrations sont amenées à développer les plateformes de travail collaboratif. Ainsi les administrations françaises, déjà fortement utilisatrices d'espaces numériques de travail (ENT) dans le domaine de l'éducation depuis la fin des années 2000, seront amenées à évoluer vers une intelligence collective.

La DINUM (direction interministérielle du numérique), qui propose depuis octobre 2019 la plateforme OSMOSE pour l'ensemble des administrations françaises, dans un souci d'harmonisation et d'efficacité des pratiques collaboratives dans le respect des principes de souveraineté, fait tout son possible pour accélérer les choses. L'éditeur Jalios, qui développe cette plateforme, intervient dans tous les secteurs d'activité, et consacre une part importante de son chiffre d'affaires à la R&D. Il a des partenaires très importants comme Atos et Capgemini.

Penser le monde de l'après Covid-19

Penser écologiquement et socialement le monde de demain, celui de l’après Covid-19, préoccupe et nourrit de nombreuses réflexions. Afin de nourrir le débat, je suggère notamment de consulter les propositions « pour un retour sur Terre » de Dominique Bourg, Philippe Desbrosses, Gauthier Chapelle, Johann Chapoutot, Xavier Ricard-Lanata, Pablo Servigne et Sophie Swaton :

http://lapenseeecologique.com/propositions-pour-un-retour-sur-terre/

Conclusion

Cette crise sanitaire n'est qu'un aspect de problèmes beaucoup plus larges. Elle est en réalité révélatrice d'une crise de la modernité qui nécessite une approche écosystémique. Nous vivons un changement de paradigme. La priorité est de renforcer notre indépendance en matière sanitaire et alimentaire, dans une Europe plus solidaire. Nous prenons conscience de la nécessité de relocaliser certaines industries stratégiques qui avaient été délocalisées pour de simples raisons de coûts (matériel médical, médicaments...). Mais la période de confinement a montré aussi, avec le télétravail, que nous sommes très dépendants en matière numérique, en particulier dans le domaine du matériel informatique, si indispensable dans le nouveau monde qui s'ouvre devant nous, un monde où les ressources naturelles (minerais métalliques) deviendront de plus en plus rares, et où nous resterons confrontés aux aléas climatiques. Retrouver notre indépendance et notre souveraineté,nécessitera, à n'en pas douter, beaucoup de détermination de la part des responsables politiques et prendra de nombreuses années.

Pour pallier les erreurs du passé, n'avons-nous pas besoin de faire évoluer les administrations, les collectivités territoriales et les entreprises vers des organisations apprenantes, de tisser un nouveau lien social ? N'avons-nous pas besoin de repenser les modes de consommation et de production, et plus globalement les modes de vie, avec l'accord des parties prenantes : associations caritativesorganisations non gouvernementales... pour soutenir les plus fragiles ? Depuis longtemps déjà, des experts recommandent de moins penser en termes économiques, et davantage en termes d'écologie et de social, et pour cela de repenser la mesure de la richesse. N'avons-nous pas une occasion d'évoluer à l'avenir vers un développement vraiment durable et une écologie intégrale ? N'est-ce pas une occasion de mettre en œuvre notre intelligence collective et de développer les valeurs de fraternité de notre devise nationale.?

Voir aussi

Sur le site de XMP-Consult : un nouveau paradigme managerial

Dans Wikipédia :

Bibliographie :