Il est illusoire de penser que les techniques de l'information et de la communication ont une empreinte environnementale négligeable (voir dans la Wikipédia francophone Dématérialisation / Aspects environnementaux). Il est donc permis de douter que, comme le prétend Paul Romer, la connaissance puisse se substituer comme par enchantement à la rareté des ressoures naturelles, et serait une ressource infinie ! Cette posture, qui certes procure aux États-Unis la suprématie dans le domaine des techniques de l'information, oublie que si tout le monde vivait selon le mode de vie d'un Américain du Nord, il faudrait six planètes comme la Terre pour nourrir tous ses habitants.
Depuis 2014, le gouvernement français et le Medef prônent la transformation numérique, mais on perçoit mal les concepts et les réalités techniques sous-jacents (en dehors du cloud computing). Pour respecter les accords de Paris sur le climat de 2015, il faut s'assurer que la transformation numérique prônée dans les grandes entreprises et les administrations en France est compatible avec une nécessaire sobriété numérique, étant donné que la part des émissions de CO2 liées au numérique est d'environ 5 % du total des émissions de CO2 et est en forte croissance, selon un rapport d'octobre 2018 du think tank français The Shift Project, présidé par Jean-Marc Jancovici, expert dans les questions d'énergie et de climat..
Face à la politique du gouvernement américain, qui mène de toute évidence à une impasse étant donné qu'elle considère les connaissances, donc les ressources liées, comme inépuisables, face à la politique de la Chine qui est une impasse environnementale, il est de notre intérêt de passer à un nouveau modèle, un nouveau paradigme, dans lequel chaque internaute puisse contribuer à la Toile (Web participatif), sur des outils où l'information est exprimée en langage naturel (c'est-à-dire en langage ordinaire). Les enjeux de la valorisation des informations non structurées exprimées en langage naturel dans ce que l'on appelait encore en 2007 le Web 2.0 sont, pour les entreprises et les administrations :
(réf. : APIL, Aproged, Cigref, Livre blanc - Valorisation des informations non structurées, octobre 2007, p. 15-16).
Cependant, le Web 2.0 est un concept assez flou. On parle quelquefois de web participatif. Je pense en particulier à des outils de type Wiki, présentant des fonctionnalités de pages de discussion (permettant le débat contradictoire) et de gestion d'historique (permettant la traçabilité des contributions) comme dans Wikipédia, et présentant en outre des fonctionnalités de forums et d'actualités. De tels outils sont très puissants : ils permettent de gérer des informations non structurées à caractère environnemental, social, économique etc., de créer des liens entre ces informations, d'éviter les resaisies. Bref, il s'agit d'outils qui peuvent être utilisés comme des techniques de maïeutique, pour décortiquer les sujets complexes comme les problèmes écologiques et sociaux.
Ces dernières années, on a compris que les réseaux sociaux sont facilement manipulables et qu'on peut y trouver beaucoup de fausses informations (fake news en américain). La Toile n’est pas le paradis de la transparence que l’on s’imaginait. C'est pourquoi, dans notre intérêt, et surtout dans celui de la planète, il convient d'utiliser les systèmes numériques de manière responsable, en innovant certes, mais en alliant la gestion des informations non structurées, constitutives de la connaissance, et procurant des avantages compétitifs, à la responsabilité sociétale des organisations, conciliant le respect de l'environnement, l'équité sociale et la rentabilité économique (norme ISO 26000). Les administrations et les entreprises en France, à tous les niveaux, doivent prendre une part active à cette politique de responsabilité sociétale.
Les possibilités que j'entrevois sont décrites dans la page innovation responsable.de mon site pour ce qui est des perspectives générales, et dans la page agriculture et alimentation, pour ce qui est de ce domaine plus particulier.
La situation que nous vivons résulte en partie d'un certain aveuglement des élites françaises sur ce qui se passe à l'extérieur de l'Europe, ou même dans certains pays européens.
Il serait hautement souhaitable que les États-membres de l'Union europénne se mettent d'accord sur une politique qui mette fin à la concurrence fiscale de cetains pays comme l'Irlande (ou quelques autres) qui appliquent un taux d'imposition sur les sociétés particulièrement avantageux pour les GAFAM. On voit se développer dans la capitale de l'Irlande le « Silicon Dock », où se trouvent les sièges européens de nombreux géants américains du Web. En parallèle, il faudrait définir une stratégie de développement européenne dans le domaine numérique, en s'appuyant par exemple sur les pôles de compétivité français dans ce domaine (pôle de Saclay consacré aux systèmes complexes, entre autres). Il faudrait créer un « écosystème » européen concurrent aux GAFAM (ou GAFAMI), en s'appuyant sur des savoir-faire européens : par exemple ATOS qui a repris Bull, ou des moteurs de recherche européens concurrents de Google, entre autres. En deux mots, il faudrait mettre en œuvre une véritable politique de souveraineté numérique à l'échelle de l'Union européenne.