A l'époque de Jésus, les pharisiens étaient un courant du judaïsme qui avait recours à la loi orale pour fixer la loi juive. Après la destruction du second temple (70 après J.-C.), le judaïsme rabbinique va porter par écrit la loi orale dans le Talmud. Le Christ critiquait régulièrement les pharisiens, car il trouvait que leur comportement ne respectait pas l'esprit de la loi de Moïse.
La situation vécue par le Christ montre que les pharisiens ne savaient pas interpréter les signes des temps.
En rapport avec l'atttude des pharisiens, il y a deux recommandations :
Se concentrer sur l'essentiel
L'essentiel de la loi juive, c'était la Torah écrite. La loi orale avait introduit un ensemble de règles et de prescriptions rituelles qui risquait de faire oublier l'essentiel.
On le voit bien aujourd'hui, sur les questions d'écologie et de développement durable, certains aspects, certes essentiels, sont exagérément développés, par rapport à d'autres qui sont escamotés :
- La notion de devoir est quasiment absente des systèmes juridiques dans le monde.
- Puisque l'écologie est intrinsèquement liée à la philosophie du développement durable, il faut rappeler la définition de celui-ci : un développement qui satisfait les besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de satisfaire les leurs. Le passage d'une génération à une autre se fait par la procréation humaine. il faut donc considérer que l'union d'un homme et d'une femme, dont la finalité est de concevoir et d'éduquer des enfants, relève d'une problématique de développement durable. C'est ce que je soutiens dans la page mariage et filiation de ce site.
- Certains aspects environnementaux n'ont pas toujours reçu toute l'attention qu'il méritaient. On a trop ramené la préoccupation environnementale à des considérations sur les énergies fossiles, les gaz à effet de serre, et la pollution. Bien d'autres problèmes essentiels existent : le partage de l'eau, la raréfation des métaux, la déforestation, la perte de biodiversité, etc.
- Les aspects d'équité sociale et d'économie sont souvent sous-estimés. Le grand public associe trop souvent le développement durable à l'environnement, alors qu'il comporte trois piliers : environnement, social et économique. Par exemple, le principe de destination unverselle des biens signifie que les ressources naturelles de la terre devraient être équitablement réparties entre les différents peuples. L'écologie devrait donc être conçue sous cet angle : une écologie humaine.
Sur un plan purement spirituel, se concentrer sur l'essentiel consiste à proclamer la foi (kérygme) en intégrant la responsabilité de l'homme qui découle du passage suivant de la Genèse, aujourd'hui souvent rappelé par les chrétiens :
« Yahweh Dieu prit l'homme et le plaça dans le jardin d'Eden pour le cultiver et pour le garder. Et Yahweh Dieu donna à l'homme cet ordre : « Tu peux manger de tous les arbres du jardin ; mais tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement. » » (Gn 2, 15-17)
Le kérygme des premières communautés chrétiennes était le suivant :
Sans doute serait-il souhaitable d'y ajouter :
- Dieu a confié à l'homme la responsabilité de gérance de la Création ;
- L'homme ne doit pas chercher à en retirer un pouvoir absolu.
Sans doute, le fait que le kérygme des premiers chrétiens ne tenait pas compte de l'Ancien Testament y a été pour quelque chose dans la prolifération de la première hérésie du christianisme au IIe siècle, qui est à l'origine de l'antijudaïsme et de l'antisémitisme : le marcionisme. Il conviendrait d'en tenir compte.
Rappelons que le Christ a dit (Mt 5, 17) :
« Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir ».
Ce passage a été complètement dénaturé par Marcion, qui a remplacé le mot « accomplir » par le mot « détruire » : Le christianisme a-t-il perdu ses fondements
Par conséquent, ce passage clé de la Genèse que constitue Gn 2, 15 devrait être intégré à la proclamation de la foi.
Il est urgent que les chrétiens promeuvent une nouvelle vision de l'écologie, afin de déjouer les pièges de nombreux écologistes (qui peuvent se dire écologues) influencés par l'idéologie Gaïa, comme le montre ce dialogue entre le journaliste chrétien Patrice de Plunkett et un « écologue ».
Éviter l'excès de formalisme
Les exigences de développement durable sont telles qu'elles doivent nous pousser à sortir de comportements routiniers, pour changer non seulement les modes de vie, mais aussi les modes de pensée et notre façon d'être.
Le développement durable ne peut pas se ramener à des chiffres, même si ceux-ci sont nécessaires. On ne peut pas limiter le pilotage du développement durable à des batteries d'indicateurs. Dans le domaine informatique par exemple, il faudrait mettre à profit les informations non structurées en généralisant de nouveaux modèles.
Le formalisme, c'est aussi une certaine conception du formalisme scientifique, qui tend à tout résoudre par des équations mathématiques. Combien d'ingénieurs ont constaté au cours de leur expérience professionnnelle que les mathématiques n'étaient pas aussi utiles qu'ils le croyaient. Au siècle des Lumières, on pensait que l'on pouvait résoudre la plupart des problèmes à l'aide des sciences exactes : une astronomie qui savait prévoir le mouvement des planètes, les mathématiques, la physique newtonienne. L'écologie est et restera une science empirique.
Ne pas se laisser emprisonner par les lois humaines
Ne pas être pharisien, c'est ne pas en rester à une observance servile de lois humaines, qui oublie la justice et l'amour de Dieu :
« Malheureux êtes-vous, pharisiens, parce que vous payez la dîme sur toutes les plantes du jardin, comme la menthe et la rue, et vous laissez de côté la justice et l'amour de Dieu. Voilà ce qu'il fallait pratiquer, sans abandonner le reste. Malheureux êtes-vous, pharisiens, parce que vous aimez les premiers rangs dans les synagogues, et les salutations sur les places publiques. Malheureux êtes-vous, parce que vous êtes comme ces tombeaux qu'on ne voit pas et sur lesquels on marche sans le savoir ». Alors un docteur de la Loi prit la parole: « Maître, en parlant ainsi, c'est nous aussi que tu insultes ». Jésus reprit : « Vous aussi, les docteurs de la Loi, malheureux êtes-vous, parce que vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter, et vous-mêmes, vous ne touchez même pas ces fardeaux d'un seul doigt. » (Lc 11, 42-46)
Il faut donc tirer les conséquences de ce commandement du Christ dans la façon dont nous envisageons les droits et devoirs des citoyens.